Remarque préalable
Les explications techniques présentées ici sont très simplifiées, et ne présentent qu'une
manière de travailler; il en existe bien évidemment beaucoup d'autres
Les petites images insérées dans le texte peuvent être aggrandies en cliquant simplement dessus
Introduction
Bon, une fois n'est pas coutume, commençons par la fin, en essayant de comprendre
le procédé complexe qui abouti à l'oeuvre finale.
Les bronzes d'art sont généralement fondus suivant la technique de la
"cire perdue"
(c'est parfois précisé sur le cachet du fondeur qui est gravé dans le bronze)
Une autre technique couramment utilisée est la fonte au sable mais nous n'en parlerons pas ici
Pourquoi, me direz vous, ce nom
"cire perdue"?
Eh bien simplement parce que le bronze final
est, en fait, une copie
(presque) conforme d'un objet en cire, nommé "la cire"
Cette "cire" - est dite
"perdue" parce qu'elle sera totalement détruite au cours
du processus! (à ne pas confondre avec une cire égarée dans un recoin de l'atelier !)
On est souvent surpris par la "légèreté" relative des bronzes; cela vient du fait qu'ils sont
creux (sauf pour les petits ou ceux qui sont filiformes)

Si les bronzes sont creux, on pourrait penser que c'est pour économiser la matière première:
Eh bien, non, ce n'est pas la raison principale (bien que le coût du métal ne soit pas négligeable - 5 à 10Euros/Kg) mais
c'est surtout pour des raisons pratiques et techniques:
Tout d'abord le poids: le bronze a une densité de 9: Seul un bon halterophile pourrait porter
une petite valise pleine de lingots de bronze - de l'ordre de 150 à 200kg ! .
Une statue grandeur nature d'un personnage de 1,8m, 80kg en chair et en os,
peserait moins de 100 kg en bronze creux et près de 800kg en bronze plein. Ce dernier
demanderait des moyens techniques énormes pour être coulé (manipulation du bronze liquide et énergie pour fondre ce bronze)
ou simplement déplacé pour être exposé ou livré chez le client; sans compter les renforts qu'il faudrait apporter au plancher
du batiment, à l'ascenceur...Et que dire alors de la statue équestre de Louis XIV qui bien que creuse pèse déjà bien 30 tonnes!
Bon, d'un autre coté, c'est vrai qu'avec ce poids, le gars ne risquerait pas de se la faire piquer sa statue!
Coté problèmes techniques ce ne serait pas mieux: du fait des masses (épaisseur) de bronze très différentes entre,
par exemple les doigts et le buste d'une statue pleine, le temps de solidification de chaque partie de la statue
seraient très différents; il s'ensuivrait des déformations et des retassures (trous consécutifs à la rétraction du métal lors de sa
solidification). Au contraire dans un bronze creux, l'épaisseur est très régulière (3 à 5mm) et les rétassures sont rares.
C'est bien beau tout ça, mais comment passe t'on de la cire au bronze ?
Une des méthodes "moderne": "Elémentaire mon cher Watson": il vous suffit de noyer la cire dans
du plâtre liquide puis quand celui-ci est solidifié, vous le chauffez, la cire fond et libère sa place et enfin vous
versez le bronze liquide dans l'empreinte ainsi vacante. et voilà.
Une des méthodes ancestrales, toujours utilisée avec succès en Afrique:
"Facile mon bon Ali": tu recouvre ta cire d'une bonne couche de terre
argileuse mélangée a du crottin d'âne (le mélange est nommé "banko"), tu laisses le tout sécher au soleil, tu mets au feu pour faire fondre
la cire, et tu verse le bronze dans le trou.
Pour résumer, dans tous les cas, la cire est donc enfermée dans une gangue réfractaire très solide
puisqu'elle doit reçevoir le bronze liquide.
Hum, hum, oui mais...au fait, on a oublié de répondre à la question précédente: pourquoi le bronze est-il "presque" conforme à la cire? (avec toutes ces questions, on n'est pas prêt
de l'avoir notre bronze!)
Déjà, on peux dire que le bronze est légèrement plus petit que la cire originale
(du fait des dilatations et rétractions thermiques);
En plus, pendant la coulée du bronze (1100 à 1200°C) dans le moule,
des petits dégats sont immanquablement causés aux parois de celui ci (choc thermique,
présence d'impuretés dans le moule ou le bronze, refroidissement du bronze,
début de solidification et oxydation du bronze...) et de ce fait, la "peau" du bronze sera imparfaite.
Ne partez pas, la liste n'est pas finie...: avant la mise dans la gangue réfractaire, le fondeur est obligé de "modifier"
la cire, pour lui ajouter les jets de coulée
et les évents, ce qui va abimer et modifier la surface.
Ces modifications se retrouveront évidemment sur le bronze et il faudra les éliminer
(ce qui est le travail du ciseleur).
Autant dire que le fondeur doit maitriser parfaitement son processus ! Pas de possibilité de revenir en arrière !
En cas d'échec, il sera absolument nécessaire de partir d'une nouvelle cire
Mais pour pouvoir la "perdre" cette cire, il faudrait déjà l'avoir !
Cette cire est obtenue de 2 façons:
Cire directe, généralement modelage de cire d'abeille, à la main. C'est la méthode principalement
utilisée par les sculpteurs Africains; chaque bronze est unique, car il est très difficile de faire
à la main plusieurs cires identiques
Cire tirée d'un moule: le moule permet d'obtenir plusieurs cires, donc plusieurs bronzes
pour un seul modèle original. C'est généralement la méthode utilisée chez nous.
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